Nous marchions en terre québécoise par une douce soirée d’été. La nuit tombait. Avec mon épouse, et mes jeunes enfants, nous avancions sur ce chemin de campagne. Instants de douceur, instants de bonheur, où l’on ne demande rien à la Vie, où l’on respire à pleins poumons.

Au détour du chemin se tenaient deux hommes âgés, complices et amis. Chaque ride de leur visage semblait raconter une histoire. Tel un sillon que la charrue de la Vie s’était chargée de creuser, non pour faire souffrir, mais pour être le témoin des expériences passées, des souvenirs oubliés, du chemin accompli, de la sagesse révélée. J’avais la trentaine ; ils en avaient plus du double.

Nous échangions quelques banalités lorsque l’un d’eux me dit sérieusement : « A la fin de la Vie, son travail, ses petits soucis, ses ambitions, tout cela n’est rien. Quand on est jeune que de temps perdu ! Seul l’amour compte, seul l’amour a de l’importance… ».

Il y a des instants qui durent si peu, et pourtant, comme ils emplissent une vie. Voilà cet homme, au détour du chemin, qui faisait une synthèse simple, en raccourci, de l’école de la Vie. Voici le but, voici le sens, voici le rêve, voici la vraie culture, celle qui reste quand tout est oublié : l’Amour.

Patrice – aurimetrie.info – 16 mars 2018